Ce n’est pas en « changeant l’autre » que ça commence.
On nous apprend à penser de manière individuelle : « sois toi-même », « fais ce qui est bon pour toi », « impose tes limites ». C’est précieux… mais partiel. Car dans toute relation, nous ne sommes jamais seuls. Nous faisons partie d’un système vivant, interconnecté. Et ce système, aussi inconfortable soit-il parfois, tend à rester en équilibre, coûte que coûte.
Bienvenue dans la vision systémique des relations. Une approche qui aide non pas à réparer l’autre, mais à comprendre comment nous co-construisons les dynamiques relationnelles — et comment en sortir, autrement que par la fuite ou la répétition.
🧩 La vision en système
Dans une relation (couple, famille, équipe…), chacun joue un rôle qui complète celui de l’autre. Ces rôles forment un équilibre : parfois toxique, mais stable.
Exemples classiques :
- Le sauveur et la victime
- Le parent contrôlant et l’ado rebelle
- Le bourreau et le martyr
- Le bosseur silencieux et le râleur débordé
Ce qui est fou, c’est que même les rôles douloureux nous apportent quelque chose.
🎠Les gains et pertes cachés derrière les rôles
🔸 Les pertes secondaires : Ce sont les coĂ»ts Ă jouer un rĂ´le. Par exemple : se sentir seul, ne pas ĂŞtre entendu, ĂŞtre jugĂ©, n’avoir aucun dĂ©sir pour son partenaire.
🔹 Les gains secondaires : Ce sont les bénéfices cachés au rôle que tu tiens. Ils peuvent être :
- Conscients : admiration, contrôle, pouvoir, argent…
- Inconscients : éviter la vulnérabilité, fuir l’intimité, rester dans le connu, …
Exemple : le partenaire « râleur » obtient (sans le dire) toute l’attention. Le « fuyant » conserve sa liberté intérieure. Le « sur-responsable » se sent utile (et évite d’écouter ses propres besoins).
Ces gains et pertes veulent ĂŞtre Ă©valuĂ©s Ă l’Ă©chelle individuels ou a l’Ă©chelle du système.
Le hic ? Tant que ces gains restent plus puissants que les pertes, le système ne change pas et les gains et pertes ne sont pas équitablement répartis.
🌀 Pourquoi le changement est si dur
Même si l’un des deux souffre, même si on en parle mille fois, le système résiste au changement.
C’est ce qu’on appelle l’homéostasie : un retour automatique à l’équilibre initial, comme un élastique qui ramène toujours à la même position.
Souvent, ce qu’on appelle « changement » est en réalité un ajustement superficiel : on crie un peu plus fort, on fait un effort temporaire, on menace de partir… mais on reste dans le même rôle.
C’est ce qu’on appelle un changement de premier ordre : faire « plus ou moins de la même chose ». Inutile sur le long terme.
⚡️ Le vrai tournant : le changement de second ordre
Le véritable changement, celui qui fait bouger le système, c’est un changement de second ordre.
C’est un acte radical, souvent incompréhensible pour l’autre, parce qu’il sort du rôle :
- Le fuyant commence à dire ses émotions.
- Le martyr arrĂŞte de se sacrifier.
- Le contrôlant lâche prise.
Ça crée un déséquilibre brutal, car l’autre ne sait plus comment fonctionner. Il résiste. Il vous teste. Parfois, il panique.
Et c’est normal.
On ne vous applaudira pas pour ce changement.
Mais il est nĂ©cessaire. Soyez indulgeant avec votre interlocuteur, c’est peut ĂŞtre la première fois qu’il dĂ©couvre ce nouveau mode de fonctionnement :
Restez proche, aimant et en lien !
đź› Comment amorcer un changement de second ordre ?
Voici un petit protocole Ă tester, si tu veux vraiment transformer une relation :
- Choisis une dynamique à faire évoluer (ex : « je fais toujours tout, et l’autre jamais rien »).
- Identifie les rĂ´les en prĂ©sence, de manière caricaturale. Ça aide Ă prendre du recul (ex : « sauveur dĂ©sabusĂ© » et « roi feignant ») tu peux mĂŞme jouer ce rĂ´le en théâtralisant si ca t’aide.
- Note les gains et pertes de ton rôle. Sans jugement. Avec honnêteté. Minimum 10 de chaque.
- Observe si ce sont les gains ou les pertes qui motivent ton comportement.
- Si les gains sont plus forts, ce n’est peut-être pas encore le moment.
- Si les pertes sont devenues trop douloureuses, il y a une énergie de bascule.
- Réinvente d’autres manières d’obtenir ces gains, sans ton ancien rôle avec une vision globale
- Exemple : être utile sans se sacrifier, être libre en étant en lien.
- Appuie-toi sur des personnes hors du système, qui ne seront pas menacées par ton changement. (Ami, thérapeute, groupe de soutien…)
- Tiens bon. L’ancien système va tenter de te ramener dans l’ancien rôle. Ne panique pas. Ce n’est qu’un test.
- Reste ouvert et aimant. L’autre aura besoin de temps pour changer aussi son rôle.
🔄 Un nouveau cycle
Si tu tiens ce cap, la relation peut basculer vers une nouvelle stabilité. Un nouveau « nous ». Jusqu’au prochain déséquilibre… car c’est le cycle naturel d’un système vivant.
Équilibre → déséquilibre → nouvel équilibre.
C’est ainsi que les relations évoluent.
Pas à pas. Rôle après rôle.
Avec conscience.
Quand l’histoire est parsemĂ©e de traumatismes dans l’enfance, l’espace des relations intimes (couple ou non) est le seul champ d’expĂ©rimentation possible pour guĂ©rir et transformer,
N’oubliez pas de cĂ©lĂ©brer chaque petit nouveau et soutenez vous mutuellement avec Amour !
Pour aller plus loin
- Essaie d’en parler avec ton partenaire, avec ces mots. Avoir un langage commun, c’est déjà changer le système.
- Reçois de l’aide si nécessaire. Surtout si tu tournes en rond ou si la douleur est trop forte.
- Et surtout : ne reste pas seul avec ça. Le système ne changera pas par la force. Mais il peut bouger avec de la clarté et du soutien.
👉 Besoin d’un accompagnement pour observer et transformer ces dynamiques ?
C’est précisément ce que je propose en constellation systémique.
On peut en parler.