Et si ce n’était pas naturel… mais tout de même précieux ?

Pourquoi il est si difficile de croire que l’autre peut vraiment changer – et pourquoi cela en dit souvent plus sur nous que sur lui.

“Elle a changé, mais… j’sais pas, c’est pas elle. C’est pas vrai.”

Tu l’as peut-être déjà dit. Ou entendu. Peut-être même ressenti en silence, sans oser mettre de mots dessus.

Quand une personne proche commence à changer – qu’elle devient plus douce, plus présente, plus tactile ou simplement plus attentionnée – une part de nous peut rester sceptique. Comme si le changement n’était pas “valable” s’il n’était pas spontané, évident, naturel.

Mais au fond… est-ce que “naturel” veut dire “authentique” ?
Et est-ce que “effort” veut dire “faux” ?


Changer, c’est… bizarre.

Imagine que ton ou ta partenaire, après des années de silence en rentrant du travail, se mette soudainement à te demander comment s’est passée ta journée.
Et là, au lieu d’être touché·e, tu ressens une gêne.
“C’est bizarre. Il/elle ne fait ça que parce qu’on en a parlé. Ce n’est pas spontané.”

Oui, et alors ?

Est-ce qu’un geste a besoin d’être instinctif pour être sincère ?
Est-ce qu’un changement n’a de valeur que s’il vient d’un “élan du cœur” ?
Ou peut-on reconnaître qu’il s’agit là d’un choix, d’un effort conscient, d’un engagement dans la relation ?


“Fake ou vrai” : le piège du tout-ou-rien

Beaucoup d’entre nous fonctionnent avec ce que l’on pourrait appeler un eithor : une croyance binaire du type “c’est soit naturel, soit faux”.
Mais cette vision rigide empêche l’intimité de grandir.

En réalité, toute transformation profonde commence souvent par quelque chose de malhabile, d’étrange, voire d’artificiel.
Rappelle-toi ta première posture de yoga. Ton premier tango. Ton premier “je t’aime”.

Ce n’était pas naturel. Et pourtant… tu l’as fait.
Tu apprenais.


Le travail invisible de l’amour

Une relation longue, durable, vivante, demande du travail.
Pas dans le sens “devoir conjugal”, mais dans le sens “je me rends disponible à l’évolution”.

Quand l’autre essaie de faire différemment – même s’il/elle le fait de travers, même si c’est un peu maladroit – c’est un cadeau.
Un pas vers toi.
Un petit effort qui dit : “Je t’ai entendu·e. Je m’implique.”

Et oui, ce pas peut être inconfortable. Pour les deux.


Comment sortir du piège du “c’est pas naturel donc c’est pas vrai”

Voici quelques pistes concrètes :

  1. Remplace “fake” par “en apprentissage”
    Un geste nouveau est une tentative, pas une tromperie. Il demande du courage.
  2. Reconnais les efforts, même maladroits
    Dire “je vois que tu essaies, merci”, c’est valider, encourager, nourrir la relation.
  3. Mets des mots sur ce que tu fais toi-même
    Par exemple : “Je t’ai préparé ton thé ce matin, parce que je sais que ça te fait plaisir.”
    Ce n’est pas manipulateur. C’est une manière de rendre visible un choix.
  4. Accepte que l’amour, parfois, se construit à la pelle et au tournevis
    Ce n’est pas toujours un feu d’artifice. Parfois, c’est un pas mal assuré dans la boue, mais un pas quand même.

Ce que ça révèle de nous

Quand on rejette les efforts de l’autre, c’est souvent pour éviter une chose bien plus intime : notre propre inconfort à recevoir, à faire confiance, à lâcher nos vieux schémas.

Derrière le “c’est pas naturel”, il y a parfois une peur de la déception.
Un besoin de contrôle.
Ou un mécanisme de défense : “Si je n’y crois pas, je ne souffrirai pas.”

Mais à long terme, ce mécanisme tue la connexion.


En résumé : « Est-ce que c’est naturel ? »

La vraie question, c’est peut-être : “Est-ce que c’est un pas vers moi ?”
Et si oui, alors même si ce pas est bancal, même si ce n’est pas un réflexe inné…
C’est un pas précieux.

Et ça, c’est tout sauf “fake”.

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