Introduction
Et si les addictions n’étaient pas d’abord un problème de volonté… mais une tentative de retour au tout premier lien ?
La consommation de drogues, qu’elle soit récréative ou compulsive, vient souvent réactiver des mémoires corporelles archaïques — celles du confort intra-utérin, du bain chimique d’hormones et de neurotransmetteurs qui entouraient notre développement.
Comprendre ce parallèle ouvre une voie de réconciliation entre le corps, la chimie et la psyché.
1. Le ventre maternel : un laboratoire de chimie affective
Durant la gestation, le fœtus baigne dans un univers où chaque émotion maternelle se traduit par une modulation hormonale :
- Endorphines pour la détente et la sécurité,
- Adrénaline en cas de peur ou de tension,
- Ocytocine lors des moments de lien ou de plaisir.
Ce bain hormonal est notre premier langage affectif.
C’est lui qui inscrit dans le corps les traces de ce que signifie « être aimé », « être en danger », « être séparé ».
2. Les drogues : un raccourci neurochimique vers la mémoire prénatale
Chaque drogue cible un système déjà connu de notre organisme :
- Le cannabis mime les endocannabinoïdes (anandamide) produits naturellement par le corps et par le placenta, associés à la fusion et à la paix.
- Les opiacés imitent les endorphines de l’attachement et de la sécurité.
- La MDMA stimule l’ocytocine, hormone du lien et de la tendresse.
- Les psychédéliques activent la sérotonine, messagère de la perception élargie et de la connexion.
Ainsi, la consommation peut être l’expression inconsciente d’un désir de retrouver un état intra-utérin perdu : chaleur, contenance, absence de séparation.
3. Le manque, la naissance et la coupure
Dans cette lecture systémique, le sevrage ou la descente d’une drogue peut réactiver le traumatisme de la naissance :
la perte du cocon, la coupure du cordon, le froid, la séparation.
Certaines personnes vivent chaque manque comme une renaissance brutale qu’elles cherchent à éviter en consommant à nouveau.
Ce cycle devient alors une tentative de réparer une blessure d’origine.
4. De la dépendance à la reliance
Reconnaître que la dépendance est une stratégie de survie du système ouvre une porte de compassion.
En thérapie systémique ou en constellation, il ne s’agit plus de « supprimer la drogue », mais de redonner une place symbolique à ce qu’elle vient remplacer :
- Un lien affectif manquant,
- Une sécurité corporelle défaillante,
- Une mémoire utérine non intégrée.
À travers des approches corporelles, de respiration ou de visualisation, il devient possible de retrouver cette paix originelle sans passer par la chimie.
5. Conclusion : sortir du jugement, retrouver la mémoire du corps
La dépendance cesse d’être une faute pour devenir une carte de lecture du passé.
Chaque substance, chaque habitude révèle un besoin archaïque cherchant à se manifester à nouveau.
Quand on sait l’écouter, cette mémoire devient un levier d’évolution plutôt qu’un piège.
