🔥 Endorphines et anesthésie : quand le corps fabrique sa morphine

Introduction

Lorsqu’un choc, une blessure ou une émotion trop forte nous submerge, notre corps libère des endorphines — des molécules proches de la morphine.
Ce sont nos anesthésiants internes : ils calment la douleur et permettent de tenir.
Mais parfois, ce mécanisme protecteur devient un mode de survie à long terme.

En psychologie systémique, ces anesthésies corporelles révèlent souvent un héritage profond : celui des douleurs archaïques non digérées — parfois transmises d’une génération à l’autre.


Les endorphines : morphine naturelle du lien

Les endorphines sont des opioïdes endogènes : elles apaisent, endorment la douleur et procurent une sensation d’euphorie douce.
Elles se libèrent :

  • pendant l’effort physique,
  • après une blessure,
  • pendant un orgasme,
  • ou même lors d’une bonne crise de fou rire.

Durant la gestation, ces molécules régulent le stress du fœtus et amortissent les tensions hormonales de la mère.
Elles sont donc associées à une mémoire d’apaisement corporel : la sécurité dans la douleur.


<h2>Quand l’anesthésie devient stratégie</h2>

Après la naissance, si l’environnement affectif est instable ou douloureux, le corps peut apprendre à fabriquer de l’endorphine en continu.
C’est un réflexe d’amour envers soi-même :

“Si je ne peux pas fuir, je vais m’anesthésier.”

Ce mécanisme devient alors une habitude de survie, souvent inconsciente :

  • certaines personnes se réfugient dans l’alcool, le sucre ou les aliments gras,
  • d’autres dans le sport excessif, le travail, ou le sommeil,
  • d’autres encore dans des relations fusionnelles ou violentes — chaque pic émotionnel libérant ses doses d’endorphines.

Lecture systémique : anesthésie et loyautés invisibles

D’un point de vue systémique, ces comportements peuvent rejouer :

  • une douleur non vécue dans la lignée (ex. deuil, guerre, perte d’enfant),
  • un stress périnatal (accouchement difficile, séparation précoce),
  • ou une honte familiale transmise silencieusement.

L’anesthésie devient alors une fidélité invisible :
on garde en soi la douleur d’un autre, mais sans la sentir.
Les endorphines sont le ciment de cette survie.


<h2>Quand la douleur revient à la conscience</h2>

Le travail thérapeutique n’est pas de “supprimer” cette chimie, mais de l’apprivoiser.
Quand une personne commence à ressentir à nouveau, elle a souvent peur :
le corps se réveille, les émotions montent, les anesthésies se fissurent.

C’est pourtant le signe d’une renaissance neurochimique :
le système nerveux quitte le mode de survie pour revenir au mode vivant.

En constellation familiale, on peut explorer :

  • “À qui appartient cette douleur ?”
  • “Qui a dû s’anesthésier pour survivre ?”
  • “Puis-je aujourd’hui sentir sans me perdre ?”

Aliments et comportements associés

Besoin ressentiMolécule associéeAliments / comportementsLecture systémique
Soulagement, oubli, calmeEndorphinesAlcool, sucre, piment, sommeil, sport extrêmeDouleur ancienne non intégrée
Euphorie douceDopamine + endorphinesChocolat, danse, chant, excitationCompensation de la douleur par le plaisir
Fatigue chroniqueEffondrement post-anesthésieGrignotages, isolement, retraitBesoin de repos profond après sur-contrôle

Restaurer la sensibilité sans souffrir

Réapprendre à sentir, ce n’est pas “tout ressentir d’un coup”.
C’est redonner au corps la possibilité de moduler.
On peut accompagner cette transition par :

  • la respiration consciente (réactiver la sécurité dans le corps),
  • le mouvement lent (danse, marche, toucher),
  • le rire (endorphines régulées naturellement),
  • et le lien humain sécurisé (stimule l’ocytocine et calme le besoin d’anesthésie).

Peu à peu, les endorphines retrouvent leur rôle premier : adoucir, pas cacher.


Conclusion : la douceur après la douleur

Les endorphines nous rappellent que la vie sait se protéger.
Elles ont permis à beaucoup d’entre nous de survivre.
Mais à un moment, il devient possible de transformer la survie en présence sensible.

Le chemin n’est pas de se priver de nos anesthésies,
mais d’y ajouter la conscience et la douceur.
Alors, la chimie du corps devient à nouveau celle du vivant — non du contrôle.

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