Pour une communication vivante, vulnérable… et réellement connectée
Dans les moments intimes, on croit souvent bien faire en disant :
« J’ai compris pourquoi j’étais si fermé… »
« Je me suis rendu compte que je me défendais tout le temps. »
« Je sais maintenant que je manquais de confiance. »
Ces phrases ont l’air profondes, honnêtes, même courageuses.
Et pourtant, elles partagent un point commun discret, mais fondamental : elles parlent au passé.
Le piège du passé dans la communication de couple
Parler au passé, c’est un peu comme montrer un vieux film de nos émotions :
on en parle après coup, une fois qu’on a « compris », digéré, rangé les émotions dans une boîte à souvenirs.
Mais ce que cette manière de parler protège, c’est souvent notre vulnérabilité présente.
Cela nous évite d’exposer ce qui se passe là, maintenant, sous les yeux de l’autre.
C’est une forme subtile de défense. On dit : « Voilà ce que j’étais »,
ce qui évite de dire : « Voilà ce que je ressens maintenant, avec toi, ici. »
Et ça change tout.
Pourquoi on fait ça ? Parce que ça rassure.
Parler au passé, c’est :
- ✅ Moins risqué : on donne l’illusion de se livrer sans s’ouvrir vraiment.
- ✅ Plus contrôlé : pas de terrain glissant, on raconte une histoire finie.
- ✅ Moins challengeant : l’autre ne peut pas vraiment intervenir, puisque « c’est du passé ».
- ✅ Plus valorisant : on montre combien on a progressé, compris, évolué. Presque un diplôme d’introspection.
Mais au fond, ça laisse l’autre… dehors.
Oser parler au présent : le vrai cadeau
Quand on ose parler en direct, de ce qui se passe ici et maintenant, il se passe quelque chose de rare :
on devient vivant aux yeux de l’autre. Et ensemble, on devient co-créateurs du lien.
Les bénéfices de la parole vivante :
- 🌱 Vitalité : On sort du récit figé pour oser le mouvement, la nuance, le doute.
- 🤝 Connexion : On donne à l’autre une vraie place : témoin, miroir, soutien, co-explorateur.
- 💬 Dialogue : On invite des questions, des ajustements, de l’imprévu… bref, de la relation vivante.
- ⚖️ Égalité : On quitte la posture du « moi qui ai compris » pour celle du « moi qui cherche, avec toi ».
Parler au présent, ce n’est pas avoir tout compris.
C’est avoir le courage de dire « Je ne sais pas encore », ou même « Je ressens ça maintenant, et ça me bouleverse. »
Comment pratiquer la parole vivante ?
Pas besoin d’être parfait. Il suffit de commencer petit.
1. Remarquez votre temps verbal.
Quand vous racontez une prise de conscience, est-ce que vous dites : « J’ai compris que… »
Ou plutôt : « En ce moment, je sens que… » ?
2. Proposez un jeu à deux.
Partagez cette idée avec votre partenaire. Pas comme une injonction, mais comme une invitation :
« Et si on osait se parler en direct, même maladroitement ? »
3. Créez un espace sans solution.
Quand l’un parle, l’autre n’a pas à réparer ou résoudre. Il suffit d’être là, curieux et disponible.
4. Commencez petit.
Un simple :
« Là, tout de suite, je sens que je me referme un peu. »
« Je sens que j’ai envie de me protéger, mais je veux rester en lien. »
C’est déjà une révolution.
5. Accueillez le flou.
Parfois, on ne sait pas encore. Et c’est ok de dire :
« Je ne sais pas ce que je ressens… mais je sens que c’est important. »
Une nouvelle culture relationnelle
Changer de temps verbal, c’est changer de posture intérieure.
C’est ne plus être le commentateur de son passé, mais l’acteur fragile du présent.
C’est accepter de ne pas briller, de ne pas tout savoir, pour laisser place à une relation vivante, où l’on co-construit à chaque instant.
Alors, la prochaine fois que vous sentez monter une émotion, une gêne ou une tendresse :
osez parler au présent. Même tremblant·e. Même sans savoir où ça mène.
C’est peut-être là que commence la vraie intimité.