Dans la plupart des couples que j’accompagne, il y a une dynamique cachĂ©e, souvent invisible mais profondĂ©ment ancrĂ©e, qui mine la relation. Ce n’est pas le manque d’amour, ni mĂŞme les conflits… mais une hiĂ©rarchie implicite.
Eh oui : même dans les couples les plus « éveillés », il se joue une sorte de classement silencieux. L’un est le meilleur parent, l’autre le cerveau du foyer. L’un est plus drôle, l’autre plus stable. On ne s’en rend pas forcément compte, mais ce déséquilibre structure subtilement notre relation et, à terme, nous éloigne.
👑 Quand le patriarcat psychologique s’invite sous la couette
Nous baignons depuis l’enfance dans un modèle culturel hiérarchique, où certaines qualités sont « valorisées » (confiance, autorité, réussite) et d’autres, souvent dites « féminines », sont reléguées (empathie, vulnérabilité, soin).
Sans nous en rendre compte, nous reproduisons cette logique dans nos relations amoureuses. L’un prend le rôle du pilote, l’autre celui du copilote. Parfois, ça semble pratique. Mais au fond, cela installe une fausse sécurité, une division des rôles rigide… qui finit par générer solitude, frustration, conflits ou désengagement.
⚖️ Vers un équilibre relationnel
Et si on changeait de modèle ?
Pas pour « effacer » les différences entre les partenaires, mais pour les mettre au service d’un équilibre fluide et vivant.
L’équilibre relationnel, c’est un état où chacun·e a de l’influence, de la valeur, une voix, quel que soit le domaine. Ce n’est pas une égalité mathématique, mais une forme de danse : parfois je mène, parfois tu mènes, parfois on improvise ensemble.
🧠Un outil simple : le tableau 95/70
Pour explorer cette dynamique de hiérarchie invisible, je vous propose un petit exercice. Il peut être confrontant… mais aussi libérateur. Voici comment procéder :
- Prenez deux feuilles et notez des domaines importants dans votre vie de couple :
– Parentalité
– Sexualité
– Argent
– Sociabilité
– Intelligence émotionnelle
– Style, humour, spiritualité…
(Ajoutez ce qui est important pour vous.) - Chacun·e pour soi, indiquez :
- Qui est à 95 % (dominant, compétent, plus en charge)
- Qui est à 70 % (moins en charge, plus passif·ve)
- Ou si vous ĂŞtes Ă 50/50
- Comparez vos feuilles et discutez des Ă©carts.
- Y a-t-il des domaines où vous vous sentez trop en responsabilité ?
- Des endroits où vous aimeriez prendre plus de place, mais n’osez pas ?
- Quelles zones ont besoin de rééquilibrage ?
- Choisissez 1 ou 2 domaines oĂą vous aimeriez redessiner la carte.
Ce n’est pas un jeu de pouvoir, mais une invitation à redonner du mouvement là où les rôles se sont figés.
💬 Quelques exemples vécus
« Je réalise que je suis à 95 % sur les finances depuis des années, et j’aimerais que tu prennes aussi un peu le volant, ne serait-ce que pour souffler. »
« J’ai toujours cru que tu Ă©tais le parent ‘naturel’… mais je voudrais qu’on explore d’autres manières d’être prĂ©sent avec les enfants. »
Ces prises de conscience, quand elles sont accompagnées avec curiosité et bienveillance, permettent d’ouvrir des dialogues profonds, loin des reproches, et proches du cœur.
🌍 Un petit pas dans le couple, un grand pas pour le monde ?
Changer notre manière de vivre nos relations, c’est aussi œuvrer à un monde moins hiérarchique, plus coopératif. Le passage du « moi contre toi » au « nous ensemble » est peut-être la révolution la plus discrète… mais aussi la plus puissante.
🔄 À vous de jouer
Et vous, dans votre couple :
- Où vous sentez-vous en sur-régime ?
- Où vous sentez-vous effacé·e ?
- Quelles qualités aimeriez-vous voir mieux partagées ?
L’équilibre relationnel ne se décrète pas, il se cultive — à deux, avec de la tendresse, de l’humour… et parfois un bon vieux tableau 95/70.